Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/91

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encore d’indignation lorsqu’il se répétait cette parole et que tout de suite il songeait aux faits qui avaient déterminé enfin son énergie. Le premier était d’un ordre très simple, mais il en est d’un cœur souffrant comme d’un corps malade où les plus vulgaires accidents provoquent des complications mortelles. Comme il se trouvait en visite chez une certaine Mme de Sermoise, cette personne, aussi renommée pour sa méchanceté que pour le ridicule de ses prétentions littéraires, se prit à parler assez longuement de Vernantes, dont le nom venait d’être prononcé, et, après en avoir tracé un portrait fort malveillant, elle conclut :

— « Enfin, le voilà retombé dans les fers de cette petite Mme Raffraye. C’était bien la peine de la fuir si loin pour revenir comme il était parti. Mais c’est la vieille histoire des amoureux : on se prend, on se quitte, on se reprend, on se requitte… Et le mari ne voit jamais rien. Quelle comédie !… »

Des phrases pareilles, il s’en prononce par centaines à Paris et à chaque heure du jour, depuis le matin où l’on se promène au Bois, en médisant, jusqu’à l’heure où l’on sort de l’Opéra, et ceux qui les entendent n’y attachent pas plus d’importance que ceux qui les débitent. Mais, quand vous soupçonnez votre maîtresse d’une perfidie, un pareil propos tombe sur votre soupçon, comme