Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/95

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le civilisé la bête sauvage, toujours grondante au fond des troubles du sexe. Son besoin d’agir, d’en savoir un peu plus, avait été si fort, qu’il avait couru à l’hôtel de la rue François Ier qu’habitait Pauline. Que devint-il, lorsqu’on lui répondit :

— « Madame va mieux ; elle a pu sortir cette après-midi !… »

Atterré de cette évidence qui grandissait devant lui de seconde en seconde, il avait eu la pensée de retourner faire le guet rue Murillo. Puis, il s’était dit : « À quoi bon ? Mon coup de sonnette leur aura fait peur, et elle sera partie aussitôt que j’aurai quitté la rue. Le concierge les aura prévenus. D’ailleurs, que verrais-je ? Un fiacre aux rideaux baissés qui la reprendra comme elle est venue. » Il décida qu’il valait mieux l’attendre devant la porte de son hôtel. Il verrait du moins quelle toilette elle portait… Encore une demi-heure. Comme elle fut longue !… Un coupé dévale le long de la rue, qu’il reconnaît pour être le coupé personnel de Mme Raffraye. Mais quoi ! C’est l’a b c de l’adultère d’avoir quitté, puis repris la voiture officielle à une entrée de magasin ou de passage. Ne faisait-elle pas de même pour aller chez lui ? Le cocher demande la porte. Les battants s’ouvrent. La voiture entre. Pauline en descend. Elle porte le même manteau !…