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Page:Bourget - Les Deux Sœurs, Plon-Nourrit.djvu/153

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Aucune proposition ne pouvait être plus contraire au caractère si loyal, si tendre de François Liébaut. Cet aguet caché auquel sa belle-sœur le conviait et chez lui, sous son propre toit, à son foyer, quel exercice déshonorant de sa prérogative de mari ! Mais il subissait une de ces crises de passion où se décèle la sauvagerie de l’amour blessé. C’est à des minutes pareilles qu’un homme d’honneur se laisse entraîner à ouvrir des lettres, qu’il force un secrétaire fermé à clef, qu’il paie les indiscrétions d’un domestique ! Lorsque le médecin quitta Mme de Méris, le malheureux avait consenti, non pas à tout ce qu’elle lui avait demandé, mais à une partie, celle qui lui était personnelle à lui. Il avait été convenu entre eux qu’une fois averti de l’heure exacte du rendez-vous, il rentrerait sans prévenir, et qu’il essaierait d’écouter la conversation de Madeleine et de Brissonnet, mais seul. Il n’avait pas voulu de la présence de sa belle-sœur. Même dans ces instants d’une si fiévreuse jalousie, il lui avait été trop odieux de livrer Madeleine à l’espionnage d’Agathe.