Page:Bourget - Mensonges, 1887.djvu/116

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gance consistait dans une série d’aquarelles lavées par l’employé durant les loisirs de son bureau. Il y en avait une douzaine, et qui représentaient, les unes des paysages étudiés dans les promenades du dimanche, les autres des copies de quelques toiles chères à la rêverie du père Offarel, et c’étaient précisément, comme les Illusions perdues de Gleyre, les tableaux que le goût moderne de René détestait le plus. Un tapis de feutre aux couleurs fanées, six chaises et un canapé revêtus de housse, achevaient le mobilier de cette chambre, autrefois aimée par le poète comme un symbole de simplicité presque idyllique, mais qui devait lui paraître deux fois odieuse à cause des dispositions d’esprit où il arrivait, et de l’aigreur avec laquelle madame Offarel lui dit, se croyant très fine :

— « Hé bien ! c’était-il gai, hier soir, dans votre beau monde ? » — Elle prononçait ti et vote.— Et, sans attendre la réponse : — « Votre M. Larcher ne fréquente donc plus que des gens qui ont hôtel, équipage et tout ? … On ne l’entend plus parler que de comtesses, de baronnes, de princesses… Hé ! Il n’est pas déjà si relevé, lui qui courait le cachet il y a dix ans. »

— « Maman… » interrompit Rosalie d’une voix suppliante.

— « Mais pourquoi a-t-il toujours ses yeux