Page:Bourget - Mensonges, 1887.djvu/167

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tout ouvert, à la jeune femme, en faisant jouer les feux des diamants, deux pierres de la plus rare beauté qu’elle regarda, elle aussi, avec un éclair dans ses prunelles. L’écrin passa des mains du baron dans les siennes, et, après une minute de cette contemplation, elle referma la mignonne boîte qu’elle glissa parmi d’autres objets, sur une encoignure, à côté d’elle. Rien que ce geste eût suffi à prouver combien elle était habituée à de semblables cadeaux. Puis elle tourna vers Desforges son joli visage rose de plaisir.

— « Que vous êtes bon ! » dit-elle.

— « Ne me remerciez pas. C’est de l’égoïsme encore, » fit ce dernier, visiblement heureux du succès que les boucles d’oreilles avaient obtenu auprès de Suzanne. « C’est moi qui vous suis redevable de ce que vous voudrez bien porter ces pauvres pierres. J’aime tant à vous voir belle… Ah ! » continua-t-il, « j’oubliais de vous dire, le fameux porto rouge dont je dois vous céder la moitié est arrivé ; et, pour comble de chances, le joli Watteau dont vous avez envie ? … Nous l’aurons pour un morceau de pain. »

— « Demain, rue du Mont-Thabor, vous ne m’empêcherez pas de vous remercier, » répondit-elle en lui lançant un regard, — « à quatre heures, n’est-ce pas ? » — Et elle baissa les paupières. Si, doué du pouvoir de seconde vue, le