Page:Bourget - Mensonges, 1887.djvu/403

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la même heure, pas trop près du déjeuner, ça troublerait sa digestion ; pas trop près du dîner, ça gênerait ses visites, son besigue au cercle. Espionnez-la donc. Avant huit jours vous saurez à quoi vous en tenir. Je voudrais vous dire que j’ai des doutes sur l’issue de cette enquête ! … Ah ! mon pauvre enfant, et c’est moi qui vous ai jeté dans cette fange ! Vous aviez une vie si heureuse ici, et je suis venu vous prendre par la main pour vous mener dans ce monde infâme où vous avez rencontré ce monstre. Et si ce n’avait pas été celle-là, ç’aurait été une autre… Tous ceux que j’aime, je leur fais du mal ! … Mais dites-moi donc que vous me pardonnez ! J’ai besoin de votre amitié, voyez-vous. Allons, un bon mouvement… » Et comme Claude tendait les mains au jeune homme, ce dernier les prit, les serra de toute sa force et se laissa tomber sur un fauteuil, le même où Suzanne s’était assise, en fondant en larmes et s’écriant :

— « Mon Dieu ! que je souffre ! … »

Claude avait donné huit jours à son ami. Quatre ne s’étaient pas écoulés que René arrivait à l’hôtel Saint-Euverte par une fin d’après-midi, le visage si bouleversé que Ferdinand ne put se retenir d’une exclamation en lui ouvrant la porte :

— « Mon pauvre monsieur Vincy » dit le