Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/100

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je vous en conjure, laissez-moi la connaître, la discuter… Oh ! je suis sûre de vous faire revenir sur votre résolution. Elle serait trop cruelle… » — « Oui, » répondit Nortier, « il y a une raison, et cette raison est que j’ai arrangé pour vous un autre mariage… » — « Avec qui ?… » balbutia-t-elle, haletante. — « Avec M. de Longuillon, » dit-il en posant la main sur les papiers qu’il avait devant lui, d un geste dont Béatrice allait comprendre la terrible signification. A peine si elle y prit garde, tant le nom, absolument inattendu, que Nortier venait de prononcer l’avait bouleversée de répulsion. Elle répétait par deux fois : — « M. de Longuillon ! Vous voulez que j’épouse M. de Longuillon !… » Puis la pâleur envahit sa noble physionomie, ses sourcils se froncèrent, toute l’énergie passionnée que l’hérédité de son vrai père avait mise dans son sang passa dans ses yeux, elle secoua la tête, et elle dit d’une voix encore basse, mais ferme, cette fois, et en regardant son interlocuteur bien en face : — « Non, mon père, je n’épouserai pas M. de Longuillon. » — « C’