Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/102

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vous allez le savoir, » reprit le bourreau, dont les lèvres cette fois, tremblaient de haine assouvie en prononçant ces phrases abominables : « Si vous estimez dans votre conscience » - il osa employer ce mot à cette minute ! — « que nous devons une indemnité quand il s’agit de l’usage d’objets d’une toute petite valeur, mais qui n’étaient pas à nous, admettrez-vous que quelqu’un ait pu prendre le nom d’un autre, vivre dans la maison d’un autre, de l’argent d’un autre, dans le luxe d’un autre, vingt ans durant, et qu’il ne lui doive rien ?… Ne m’interrompez pas. L’heure est venue où il faut que vous sachiez la vérité… Ne m’appelez plus jamais votre père. Vous n’êtes pas ma fille. Entendez-vous bien ? Vous n’êtes pas ma fille… J’en ai les preuves là, » et de sa main il toucha une des deux enveloppes : — « Il y a vingt ans que je vous supporte ici, chez moi, — vingt ans que pour des motifs dont je n’ai pas à vous rendre compte je vous donne mon nom, vingt ans que vous vivez de mon argent, que vous vous habillez de mon argent, que vous vous faites servir par mes domestiques, que vous montez dans mes voitures… Tout est à