Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/212

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on passerait sur bien des choses. » Elle s’était arrêtée pour dire ces mots, en regardant la mer, qui continuait à pousser vers nous son immense soupir caressant. « Une promenade en barque sur cette eau, un mouvement au bord de la barque, un peu trop penché ; une chute, et personne n’aurait plus le droit de demander compte de sa mère à ce pauvre enfant… J’ai pensé au suicide. Mais c’est étrange à dire, j’ai été retenue, je le serai toujours, parce que j’aime la vie. J’aime ma vie !… Non. Il n’y a qu’un moyen, qu’un seul, d’empêcher que ce que je crains ne se réalise. Et je m’en veux de cela, de n’avoir pas eu le courage de l’employer… Je l’aurai, » conclut-elle, « si vous voulez seulement m’aider ? … Voudrez-vous ?…" — « Je vous ai promis de faire ce que vous me demanderiez, et je tiendrai ma promesse, » lui dis-je en réponse à l’interrogation presque douloureuse de sa dernière phrase. Qu’allait-elle pourtant m’imposer ? Tout son discours avait trahi une si incroyable incohérence de sentiments ! Rien ne me permettait de deviner à quelle démarche je m’engageais ainsi. En transcrivant, comme je viens de faire, notre conversation,