Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/214

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tarder à tenir une indiscutable preuve que Blanche ne mentait pas. Elle se mettait tellement à ma merci par les mots qu’elle prononçait maintenant : — «  Que j’ai bien fait, » disait-elle, " de céder au mouvement qui m’a précipitée vers vous, comme vers mon sauveur ! A présent que je vous ai parlé, je suis sûre de moi… D’avoir un témoin qui vous juge, vous rend de la force. Et j’en aurai… Ce moyen de les séparer tous deux vraiment et pour jamais, vous l’avez deviné, n’est-ce pas ?… Il faut que le père de Cynthia sache qui je suis… Le lui dire moi-même, je le devrais… C’est un peu trop dur. Il a eu vis-à-vis de moi tant d’égards ! Il a été, depuis tout ce séjour, tellement délicat et bon envers nous deux… » Elle hésita une seconde : « Et puis je suis trop femme pour ne pas deviner qu’il a pour moi un peu du sentiment - oh ! très peu ! — que mon fils a pour sa fille. Enfin, ce que je vous demande, c’est de m’épargner cet aveu… «  — « Comment ? » m’écriai-je, « vous voudriez que j’allasse dire à cet homme, que je ne connais pas, votre vrai nom et qui vous êtes ?… Mais c’est impossible… » — « Vous