Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/222

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valait mieux en finir au plus vite. C’est avec l’énergie de cette volonté très arrêtée maintenant que je redescendis vers Rapallo, sous le soleil déjà haut. I1 pouvait être onze heures et demie quand je me retrouvai sur le port le long duquel j’avais reçu, la veille au soir, cette inoubliable confession. En tournant l’angle du mur qui fermait le jardin de l’hôtel, et d’où débordait un sombre feuillage d’orangers chargés de leurs pommes d’or, j’aperçus un omnibus qui montait par la rue du côté de la gare, chargé de malles, sans toutefois distinguer les deux personnes assises à l’intérieur. — « Bon, » pensai-je, « la signora Balbi perd des clients qu’elle a l’air de bien regretter, car la voici sur le pas de la porte avec le Tanghen, et tous deux semblent confondus… » L’aimable Française se tenait, en effet, comme terrassée, au seuil de l’ancien villino du Magnifique de Gênes. Son visage était tout attristé sous ses bandeaux lisses, que coiffait un bonnet de veuve à coques blanches. Elle m’eut à peine reconnu qu’elle ne me laissa pas le temps de la questionner. — « Quel dommage, monsieur !… » gémit-elle,