Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/277

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reprit-il, « ce n’est pas vous qui me faites de la peine. » Et, mettant ses mains devant son visage, il éclata soudain en sanglots, en répétant : « Ah ! mon ami, je suis bien malheureux, bien malheureux ! » Cette brusque explosion d’une douleur passionnée me remua si profondément que d’instinct, et par pitié, cette fois, non plus par curiosité, je m’écriai, pensant tout haut : — « C’est donc vrai ! Vous aimez Mme Mitford ?… » A ce nom, il me prit de nouveau le bras pour m’empêcher de continuer ; puis, comme je lui répétais : « Pardon une seconde fois, Charles ; je vous ai encore fait de la peine ? » — « C’est trop naturel, » dit-il, » vous ne savez pas. Et vous avez compris que c’était John tout à l’heure, naturellement, quoique vous ayez eu la discrétion de rien me demander. Oui, " ajouta-t-il après un silence, et comme si cette confession était un besoin de tout son être en cette nuit, « j’aime Mme Mitford. » — « Et elle vous aime aussi, » repris-je moi-même après un autre silence. Je venais d’apercevoir,