Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/291

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loin, aux choses des funérailles, il engagea une conversation avec le visiteur. Mais n’était-il pas trop naturel qu’il prit l’immobilité de Michel pour un signe d’admiration ! Avec sa joviale et paisible face de fonctionnaire, avec sa carrure de santé dans son confortable uniforme à boutons d’argent, ce brave père Bonnet avait l’orgueil de « son cimetière », de « ses fleurs » et de « ses morts ». Ce macabre domaine, où il évoluait depuis qu’il avait quitté le service, lui représentait un bon logement, le pain de ses vieux jours, le bien-être des siens. Il avait, dans ses prunelles bleues et dans son sourire, quand il regardait autour de lui, la béatitude d’un rentier en train de manier ses valeurs nominatives, et croyant faire écho aux pensées du visiteur, il commença : — « Vous l’admirez, monsieur. C’est le plus joli de Paris, et j’ose dire le mieux tenu… Encore, n’est-ce pas son beau moment… Tenez, monsieur, vous voyez ces clématites à gauche, là. Ce n’est rien aujourd’hui, dans quinze jours ce sera comme une toison de laine… Et puis, monsieur le sait d’ailleurs, puisque les parents de monsieur avaient choisi leur place ici, chez nous,