Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

c était vrai ! » fit le père. — « Je vais bien le savoir, » dit la mère. « Restez avec lui, et moi, j’interrogerai Béatrice. S’il s’est déclaré, je vous ferai un signe, le même qu’autrefois, vous vous souvenez, quand je vous disais dans le monde que je pourrais aller chez vous. J’ôterai mon gant gauche, et je le laisserai tomber… »

C’était, ce rappel d’un souvenir d’amour coupable, à propos de cette chose sacrée, presque religieuse, les fiançailles d’une jeune fille, un symbole de tout ce qu’il y avait de douloureusement ambigu dans leur situation à tous les deux. Si le père, avec l’éveil de scrupule dont j’ai parlé, sentit cette nuance, ce fut confusément, et la mère ne la sentit pas du tout. Quelques jours plus tard, elle devait, en repassant dans son esprit et toute son existence et ce petit épisode, tressaillir à l’idée de sa sécurité profonde. Pour l’instant, elle était tout entière à son espérance, à sa certitude d’assurer le bonheur de sa fille préférée, et elle prit le bras de Béatrice, avec une espèce d’espièglerie maternelle, en disant à Gabriel Clamand : — « Je