Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/88

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exclamation. Mais n’avait-il pas vu grandir la jeune fille ? N’était-il pas l’habitué de la maison, « notre ami, » comme l’avait tout à l’heure appelé Mme Nortier, et n’était-il pas naturel qu’il mêlât son mot à ce débat conjugal, puisque la mère avait voulu que les époux le tinssent devant lui ? Il répéta : « Guy de Longuillon ! C’est impossible !… » — « Et pourquoi ? » demanda Nortier. « Sa sœur sera bien duchesse d’Arcole ? Pourquoi Béatrice ne serait-elle pas marquise de Longuillon et un jour princesse de La Tour-Enguerrand ?… » — « Ce n’est pas cela que je veux dire, » reprit San Giobbe. Il esquissa, puis retint un geste d’impatience devant la manière toute mondaine dont Nortier avait affecté d’interpréter ses paroles. Celui-ci le regardait avec cette impassibilité narquoise qui est l’attitude de certains maris dans des ménages à trois, comme celui-ci, où ces maris n’ignorent rien, et lorsque l’amant, toléré par eux, dépasse la limite d’intimité. Depuis quelque temps, Nortier se plaisait à infliger au bel Italien de jadis, devenu une machine à palpitations nerveuses, ces espèces