Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/97

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de la séparation générale, dit à Béatrice tout bas : « Tâche donc de causer avec ton père maintenant. Il nous a rubiconnés. Il est de bonne humeur… Du courage pour Gabriel… » ajouta-t-elle en laissant la jeune fille seule avec Nortier sur le palier du premier étage, où elle et son mari avaient tous deux leur appartement, chacun à une extrémité. Elle avait à peine disparu que l’homme d’affaires, comme s’il eût entendu distinctement ce conseil chuchoté à l’oreille de Béatrice, disait à celle-ci : — «  J’ai à vous parler. Voulez-vous venir quelques instants chez-moi ? » — « Oh ! oui, mon père ! » fit-elle dans un élan de reconnaissance que l’autre arrêta d’un geste. Puis, calmement, froidement, comme il se serait rendu à un de ses conseils d’administration, il la précéda dans le couloir, jusqu’à la porte qui donnait dans l’espèce de fumoir-bibliothèque qui précédait sa chambre à coucher. L’ayant fait entrer, il dit à son valet de chambre, qui l’attendait dans la pièce voisine, de se retirer et de venir le réveiller le lendemain à l’heure habituelle. Quoique cette ponctualité dans le détail de ses ordres de nuit ne présageât