Page:Bourget - Une idylle tragique, Plon-Nourrit.djvu/236

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la Vénitienne avaient en contemplant son mari.

— « Vous venez nous chercher de la part du prince ? » fit Corancez. « Je le connais ! Il n’aura de cesse que lorsqu’il vous aura montré son trésor. »

— « En effet, il vous réclame, » dit Andriana ; « mais nous venons vous chercher pour nous, d’abord. Un mari qui abandonne sa femme après une heure de mariage, c’est un peu tôt. »

— « Oui, c’est un peu tôt, » répéta Ely ; et la signification que revêtaient ces mots, adressés en réalité à Hautefeuille, fut douce au jeune homme ainsi qu’un baiser.

— « Contentons le prince… et la princesse, » dit-il en osant porter à ses lèvres la main de sa chère maîtresse, comme par un badinage de galanterie, « et allons voir le trésor. Tu le connais déjà, toi ? » demanda-t-il à son ami.

— « Si je le connais ! » répondit l’autre, « je n’étais pas ici depuis une demi-heure que j’avais déjà dû subir le boniment. Vous savez ? » Il désigna de la main le vieux Fregoso qui, escorté de miss Marsh et de dom Fortunato, sortait de la galerie ; puis, se frappant la tête : « Il a son coup de marteau, notre hôte… Mais vous en jugerez. »

Toute la noce donc — pour employer la bourgeoise expression du Méridional qualifié de « grand nom de France » par l’abbé Lagumina — s’était engagée à la suite de Fregoso dans un escalier plus étroit, qui menait à l’appartement privé du