Page:Bourget - Une idylle tragique, Plon-Nourrit.djvu/246

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— « Voilà une dépêche pour vous, Hautefeuille, » dit-elle.

— « Vous allez voir, » fit celui-ci qui continuait la plaisanterie, « c’est une bonne nouvelle… » Il déchira le papier jaune. Son visage s’éclaira d’un beau sourire, et il tendit le télégramme à Mme de Carlsberg en ajoutant : « Qu’est-ce que je vous disais ? » Et cette dépêche était ainsi conçue :

— « Quitte le Caire aujourd’hui, serai Cannes dimanche, lundi, au plus tard. Recevras nouvelle dépêche. Si heureux te revoir. OLIVIER DU PRAT. »


La seconde dépêche avait été envoyée, et le lundi, vers les deux heures, Pierre Hautefeuille entrait dans la gare de Cannes, pour y attendre le rapide. Il était lui-même venu de Paris par ce train, en novembre dernier, encore bien faible, bien souffrant de la pleurésie dont il avait failli mourir. Ceux qui l’avaient vu, par cette après-midi de novembre, descendre de wagon, si maigre, si pâle, frileusement enveloppé de fourrures, n’eussent pas reconnu le maladif, le fiévreux convalescent, dans le beau jeune homme qui traversait la voie quatre mois après, souple et cambré, la