Page:Bourget - Une idylle tragique, Plon-Nourrit.djvu/404

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Ely, « et que dans tout amoureux il y a un jaloux… Mais que s’est-il passé ? … »

— « On ne peut pas aimer ce qu’on n’estime pas, » dit vivement la jeune fille, « et on n’estime pas une femme que l’on croit capable de certaines complicités… Vous savez, » continua-t-elle avec une colère de plus en plus grandissante et qui prouvait combien elle avait senti l’outrage, « qu’Andriana et son mari ont loué une villa au Golfe-Jouan. J’y ai accompagné Andriana, M. Verdier l’a su. Comment ? Je ne m’en étonne pas trop. Car une ou deux fois, comme nous y allions à l’heure du thé, il m’a semblé reconnaître dans les environs le profit de M. de Laubach. Et savez-vous ce que M. Verdier a osé penser de moi, une Américaine, ce qu’il m’a reproché ? … Que je chaperonnais une intrigue entre Andriana et Corancez, une de ces vilaines choses que vous appelez une liaison… »

— « Mais c’était si simple de vous justifier ! » interrompit Ely.

— « Je ne pouvais pas trahir Andriana, » répondit Florence, « je lui avais promis le secret absolu, et je n’ai pas voulu lui demander de m’autoriser à parler : d’abord, parce que je ne m’en suis pas reconnu le droit ; et puis… » Sa physionomie traduisit toute la fierté de l’honneur froissé : « Et puis, l’on ne se défend pas contre le soupçon. J’ai dit à M. Verdier qu’il se trompait ; il ne m’a pas crue… Tout est fini entre nous… »

— « Comme cela, » dit Ely, « vous acceptez l’idée de ne pas l’épouser, par orgueil, par rancune,