Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/273

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ſenter pour huit ou dix jours ; il prétexta le mariage d’une de ſes Sœurs ; cela lui fut accordé, & ſon départ fixé à la huitaine. La matinée ſe paſſa à nous montrer ce que nous avions à faire ; mon emploi conſiſtoit à battre le grain, à mener boire les chevaux, à les étriller, & à conduire de temps en temps les charrues, les herſes, &c… Et comment ! vas-tu t’écrier, feras-tu pour te faire à un pareil travail ? M’y voilà accoutumé, & puis Peggi n’eſt-elle pas plus délicate que moi, cependant ſes occupations ſont tout auſſi pénibles. À l’heure du dîner nous nous ſommes tous raſſemblés dans une ſalle baſſe : Peggi Mettoit la table lorſque je ſuis entré, je craignois ſon étonnement au premier coup d’œil, & je fuyois ſa vue ; enfin elle m’apperçut, ma reſſemblance avec moi-même la frappa d’abord, & elle rougit prodigieuſement. Ah ! que cette rougeur la rendit belle, & me fit de plaiſir ; mes yeux qu’elle avoit rencontrés, l’engagèrent à baiſſer les ſiens ; mais bientôt la curioſité les reporta autour d’elle. Liquorice, qu’elle apperçut, augmenta ſon étonnement & ſon embarras ; ſon Maître, qui la vit gênée, lui dit : — Quoi ! Peggi, vous avez peur de nos nou-