Page:Boursault - Théâtre, tome second, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/216

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Seigneur, j'ai toujours le même zèle
Mais prêtez de la force à mon coeur qui chancelle ; [215]
Et puisque le silence est encore à mon choix,
Laissez-moi vous parler pour la dernière fois.
J'entreprends une route où j'ai peu d'habitude :
J'y marcherai, Seigneur, avec incertitude.
Au milieu du chemin que vous m'avez trace, [220]
Je puis me repentir de l'avoir commencé.
Quand je songe à l'horreur qui suit le nom de traître,
Des retours d vertu me font craindre de l'être.
Quoique par vos conseils vous m'avez inspire,
J'ai peur d'avoir promis plus que je ne ferai. [225]
Mon âme chancelante, incertaine, confuse,
Tantôt s'offre à la honte, et tantôt s'y refuse ;
Et je vois trop de risque à vous y confier,
Si je n'ai votre appui pour me fortifier.
Avez-vous vers le crime un penchant si rapide, [230]
Que rien ne vous arrête ou ne vous intimide ?
Votre soeur immolée, il ne sera plus temps
D'honorer sa vertu de regrets impuissants.
Quoique de sa rigueur Elisabeth l'accable,
Nous savons vous et moi qu'elle n'est point coupable ; [235]
Et si