Page:Boursault - Théâtre, tome second, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/218

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Un sceptre ne sied bien quand dans la main des rois ;
Et le trône chancelle à moins qu'il n'ait son poids.

LE COMTE DE NEWCASTLE.

Seigneur, d'elle et de vous la naissance inégale.
Décide en sa faveur de la grandeur royale :
Et si j'ose, entre nous, vous le dire tout bas, [260]
La vôtre a des défauts que la sienne n'a pas.

LE COMTE DE MORRAY.

Et quels défauts ? Allez, ce n'est qu'une manie.
Il y manque, il est vrai, quelque cérémonie ;
Mais un roi m'a fait naître ; et pour l'être aujourd'hui
Il suffit que je sois, et que je sois de lui. [265]
De quelque doux espoir dont ma soeur s'entretienne,
S'il épousa sa mère, il adorait la mienne ;
Et par l'ordre du ciel il nous donna le jour,
A l'une par devoir, à l'autre par amour.

LE COMTE DE NEWCASTLE.

Il est vrai. Mais, Seigneur, par une loi sévère, [270]
Aucun de vos pareils ne succède à son père.
Et d'ailleurs, le feu roi, quoiqu'on ait entrepris,
N'a jamais avoué que vous fussiez son fils.
Qui justifiera?
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