Page:Bousquet - Histoire de Servian, 1925.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 5 —
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

première enceinte du Castrum. C’est, à proprement parler, un lieu fortifié, qui préside à la défense du territoire, très élevé, à peu près à pic de tous les côtés, rattaché à la plaine par une rue droite, menant à la poterne. C’était l’habitation du Seigneur de Servian et de ses vassaux Le château est encore très remarquable, mais il faut le voir à distance pour le dégager des constructions qui l’enserrent. Le pont de la gare est encore le lieu d’où on peut le mieux l’apercevoir. On remarque une large construction qui ne manque pas d’ampleur, flanquée de deux tours crénelées très caractéristiques ; c’est le château. Au-dessous, on aperçoit une maison aux murs élevés, percés de deux fenêtres en plein cintre avec l’oculus au-dessus ; un porche profond et surbaissé, conduit à l’entrée et rattache cet édifice au chemin de ronde. C’est l’église primitive du Castrum, d’abord chapelle du château, puis ouverte aux fidèles. Tout près du château, à l’angle de la place, on a enchâssé, depuis un temps immémorial, une tête d’homme que l’on appelle Servian. Ne serait-ce pas un vestige des anciens Seigneurs qui portaient en effet ce nom ?

Il y a quelques années, on découvrit dans le jardin de M. Léon Tindel, une colonne romane portant le caractère du XIe siècle. Sur le fut est représenté, d’un côté, Adam et Eve, avec le serpent ; de l’autre, l’Ange et la Vierge. Ces personnages se distinguent malgré l’usure du temps. Le chapiteau représente le Christ triomphant avec la Croix de Saint-André. Cette colonne sert de support à une croix dans le jardin où elle a été trouvée. Ne serait-ce pas une colonne de la première église de Servian, contemporaine du Castrum ?

Bientôt cette enceinte fut débordée, insuffisante pour les habitants. Soit que les colons aient demandé asile au château contre les déprédations des envahisseurs, soit que la fertilité du sol ait groupé un plus grand nombre d’habitants, une nouvelle enceinte s’imposait. À quelle époque remonte-t-elle ? Ici, nous pouvons préciser plus facilement. Le siège de Servian remonte à 1209, et il se déroula autour de la seconde enceinte. On peut donc la dater d’avant cette époque, entre la fin du XIIe siècle et le commencement du XIIIe.

Suivons-en le pourtour, sortons par la porte Saint-Julien, tout près de l’église, descendons la rue de Barrès, nous arrivons à la rivière de Lène, sur laquelle s’ouvre la porte de Launas ; un pilier porte encore le passage de la herse. La rivière contournait les remparts, offrant une défense toute naturelle. On la suivait pour arriver devant la porte d’Ancros, de là, on remontait à la rue de la Brèche, rendue célèbre par Simon de Montfort. De là, par un détour brusque, on contourne le mamelon pour arriver à la porte Combelasse, d’où l’on remonte à la Poissonnerie, et enfin à la porte Saint-Julien, d’où l’on est parti. Telle est la seconde enceinte très marquée. La cité a la forme d’un ovale avec ses quatre portes