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la terreur en macédoine

— C’est bon ! à nous les faux !… à nous les bombes… ça fait aussi de rude besogne.

— Frères, êtes-vous prêts ? demande le pope.

— Nous sommes prêts !

— Eh bien ! en avant ! »

Prudent, brave et rusé, Athanase ne veut pas attaquer de vive force, brutalement.

Il s’écrie, pendant qu’on traverse le village :

— Vite, trouvons des voitures… trois ou quatre… et tout attelées. »

En cinq minutes on possède les charrettes grossières, à roues pleines, dont se servent les paysans.

« Bon ! jetez-y des bottes de paille, de foin, peu importe… Les faucheurs les escorteront… ils auront l’air de moissonneurs et ça servira de barricades à l’occasion.

— Une autre idée ! s’écrie un des soldats improvisés.

— Voyons l’idée ?

— Voici des fagots de bois… prenons-en chacun un… cachons-y nos fusils tout chargés… mettons notre fagot sur notre tête, et partons !…

« Nous ressemblerons à des bûcherons !

— Bravo ! nul ne songera que ces moissonneurs et ces bûcherons sont des soldats. »

Encore cinq minutes, et c’est fait. La troupe ainsi méconnaissable arrive au chemin de fer quelques moments après les artilleurs. Ces derniers, possédant une certaine avance, ont eu le temps de prendre position. Un premier coup de canon retentit.

La détonation fait tressaillir les patriotes. Le bombardement commence !… Joannès et les siens à l’agonie ! l’irréparable près de s’accomplir !…