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Bonhomme (faire), v. Se dit, au jeu des cadratins, quand l’un d’eux, par un hasard inouï, reste debout. Ce coup merveilleux annule le coup de blèche.

Bonnet, s. m. Espèce de ligue offensive et défensive que forment quelques compositeurs employés depuis longtemps dans une maison, et qui ont tous, pour ainsi dire, la tête sous le même bonnet. Rien de moins fraternel que le bonnet. Il fait la pluie et le beau temps dans un atelier, distribue les mises en pages et les travaux les plus avantageux à ceux qui en font partie d’abord, et, s’il en reste, aux ouvriers plus récemment entrés qui ne lui inspirent pas de crainte. Le bonnet est tyrannique, injuste et égoïste, comme toute coterie. Il tend, Dieu merci ! à disparaître ; mais c’est une peste tenace.

Boulage, s. m. Rebuffade, refus.

Bouler, v. a. Refuser, mal accueillir, repousser.

Boulotter, v. intr. Manger. || Aller boulotter, c’est aller prendre son repas. Cette expression est commune à d’autres argots.

Bourdon, s. m. Omission d’un mot, d’un membre de phrase ou d’une phrase. Ces omissions exigent souvent un grand travail pour être mises à leur place quand la feuille est en pages et imposée dans les châssis. V. Jacques (Aller à Saint-), aller en Galilée, en Germanie.

Le bourdon défigure toujours le mot ou la phrase d’une façon plus ou moins complète. On raconte que la guerre de Russie, en 1813, fut occasionnée par un bourdon. Le rédacteur du Journal de l’Empire, en parlant d’Alexandre et de Napoléon, avait écrit : « L’union des deux empereurs dominera l’Europe. » Les lettres ion furent omises, et la phrase devint celle-ci : « L’un des deux empereurs dominera l’Europe. » L’autocrate russe ne voulut jamais croire à une faute typographique. Avouons-le tout bas, nous sommes de son avis ; car trois lettres tombées au bout