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menacent, c’est de faire le sacrifice de votre drapeau. »

Ce qui se passa dans le cœur de ces vieux soldats, victimes de leur honneur et de leur dévouement, dut passer dans celui de plus d’un témoin de cette scène. Ce qu’il y eut de force d’âme, de prudence, de générosité, mérite au moins d’être mis en parallèle avec le honteux défi, la lâche exigence des héros de l’émeute. Un officier remit aux mains de la populace ce drapeau comme un trophée qu’elle allait promener dans les rues de Paris.

Après la lacheté, l’assassinat.

C’est du faubourg Saint-Martin que partirent les colonnes populaires dont l’une vint s’abattre à dix heures du soir devant l’hôtel des Capucines. La résistance des vieux soldats, des vieux municipaux du faubourg Saint-Martin, avait été longue, les péripéties de la lutte intérieure dans la cour de la caserne avaient été graves ; le chef de bataillon, las d’attendre des ordres de la place ou de la préfecture avait cédé vers cinq heures de l’après-midi. La colonne triomphante, après avoir eu l’infamie de traîner dans la boue un drapeau français, avait regagné la porte Saint-