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Page:Boutrais - La Grande Chartreuse (Nouvelle édition refondue et mise à jour), 1930.djvu/50

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XIe siècle. S. Bruno, fondateur.

Hugues, dans l’intérêt de ses chers protégés dont il voulait être comme l’intendant et l’homme d’affaires[1], déploya la plus grande activité pour leur construire un monastère en règle, bien modeste sans doute puisqu’il était tout en bois, et que Bruno, cependant, trouvait encore trop somptueux et presque inutile. Dès l’année suivante (1085), au mois de mars, dit Le Couteulx dans ses Annales, saint Hugues put consacrer l’église située à l’endroit même où se trouve actuellement Notre-Dame de Casalibus ; il fit construire en outre un petit cloître avec la salle capitulaire et le réfectoire, une hôtellerie pour les étrangers[2], des cellules composées de trois pièces[3], à savoir : une chambre de travail avec une cuisine, une chambre à coucher avec oratoire, et un atelier ; ces cellules, séparées les unes des autres par un espace d’environ cinq coudées[4], donnaient toutes sur une galerie couverte formant le grand cloître qui venait jusqu’au pied du rocher, à côté d’une fontaine[5] dont les eaux se répandaient dans chaque cellule par un canal en pierre[6].

Ce petit ermitage, bâti sur un plan tout nouveau, disposé pour les exercices de la vie solitaire, servit de modèle aux chartreuses de tous les pays.

  1. Guibert. Novigent., lib. I, c. XI.
  2. Consuetudines, passim. — Le Masson, op. cit., p. 5.
  3. Semper solus ero, cella retinente trimembri, dit le Chartreux Nigellus dans son Speculum. Ce poète écrivait au milieu du XIIe siècle.
  4. Vita S. Stephani Obazin., apud Baluze. Miscel.
  5. Fons non longe a cellis. Ex. antiq. manusc. Montis Dei, cité par Le Couteulx, ad ann. 1084.
  6. Idem, ibid., et Guibert, De vita sua, lib. I, cap. XI. Il visita la Grande Chartreuse en 1104. Guibert, loco citato.