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Page:Boutrais - La Grande Chartreuse (Nouvelle édition refondue et mise à jour), 1930.djvu/52

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XIe siècle. S. Bruno, fondateur.

leur apporter[1]. On montre encore l’emplacement de la maison de Savignon, et la Chartreuse, en souvenir des services rendus — outre de larges aumônes — entretient la lampe de l’humble église de la Ruchère.

Au milieu de leurs privations, les ermites de Chartreuse goûtaient une joie sans mélange ; elle ne pouvait donc être de bien longue durée.

Au printemps de 1090[2], arrivait un messager porteur d’une lettre du Pape qui demandait à Bruno de se rendre en Italie sans délai. Cette nouvelle inattendue fut un coup de foudre pour notre saint Patriarche ; sans doute, rien de plus honorable que cet ordre, puisque le pape Urbain II — élève de Bruno aux écoles de Reims[3] — appelait son ancien maître près de lui pour l’utilité du Siège apostolique, ad Sedis apostolicæ servitium[4] ; mais quitter sa solitude pour rentrer dans le monde et être mêlé une fois encore aux soucis des affaires, c’était pour Bruno se voir enlever ce qu’il avait tant cherché et qui faisait tout son bonheur, c’était aussi le contraindre à embrasser un genre de vie pour lequel il éprouvait la plus invincible répugnance : cependant, il n’hésita point un instant. Il se choisit un successeur dans la personne de Lauduin, son intime ami, et rassembla ses frères pour leur adresser de touchants adieux. À

  1. Notes par un Anonyme.
  2. Guigues dans son Catalogus chronologicus prœdecessorum, cité par Le Couteulx, ad hunc annum.
  3. Le Couteulx, ad ann. 1088. Il cite le Catalogus chronologicus.
  4. Lettre d’Urbain II.