Aller au contenu

Page:Boutrais - La Grande Chartreuse (Nouvelle édition refondue et mise à jour), 1930.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 47 —

XIIe siècle. Premiers désastres.

par l’avalanche, seraient seuls conservés comme lieu de pèlerinage, et tout le reste abandonné. Dom Guigues chercha un meilleur emplacement et se détermina pour celui que la Grande Chartreuse occupe aujourd’hui. Le cloître de style gothique, que l’on voit en visitant le monastère, est bâti juste à l’endroit où Guigues éleva rapidement les premières cellules de la nouvelle maison[1].

Dieu, qui venait d’éprouver son serviteur, ne l’abandonna point et lui envoya saint Antelme de Chignin pour lui rendre les plus grands services. Doué des plus belles qualités, tout jeune, déjà prévôt de la cathédrale de Genève, chanoine de celle de Belley, Antelme prit l’habit à la chartreuse de Portes. Quelques mois après, Guigues demanda ce novice, et tous deux se mirent à l’œuvre. Les cellules, la galerie (claustrum), les principales obédiences furent, comme précédemment, construites en bois ; quant à l’église, dédiée à saint Jean-Baptiste, on la bâtit en pierre, mais avec tant de diligence que l’édifice était suffisamment avancé pour être consacré le 13 octobre de cette année 1132[2] par un ancien Chartreux, Hugues, deuxième du nom, neveu[3] et successeur de saint Hugues de Grenoble.

Cette petite église, toujours appelée « église Saint-Jean », devint plus tard la salle du Chapitre ;

  1. D’après la tradition, saint Hugues de Lincoln, qui se fit Chartreux vers 1160, aurait habité la cellule marquée actuellement de la lettre F.
  2. Morozzo, Theatrum Chronologicum S. Ordinis Cartus., 1 vol. in-fol., 1681, p. 37.
  3. Vita Hugonis II, ap. Le Vasseur, Ephem., 7 mai.