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Page:Boutrais - La Grande Chartreuse (Nouvelle édition refondue et mise à jour), 1930.djvu/75

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XIVe siècle. L’Incendie de 1320.

Or, un soir, « les valets du seigneur Granson, par imprudence et mégarde, n’ayant pas eu le soin d’éteindre leur cheminée, mirent le feu à leur hospice qui suivait le reste des bâtiments, et le feu réduisit en cendres toute la Chartreuse, qui, en grande partie, était de bois[1] ».

Les pertes furent considérables, surtout en manuscrits précieux, et, dans l’espace d’une nuit, les religieux se trouvèrent sans asile : mais ce qui remplissait leur âme d’une amère douleur était la pensée que cette maison bâtie par Guigues pour remplacer le premier monastère de saint Bruno, que cette maison où avaient vécu saint Antelme, saint Hugues de Lincoln, le bienheureux Jean d’Espagne, et tant de Pères et de Frères aux vertus héroïques, allait disparaître sans retour. Ce petit ermitage composé de quelques cabanes en bois, perdu dans l’épaisseur des forêts, au milieu des neiges, loin du monde, venait pendant deux siècles de jouir de la plus grande réputation. Parmi les quarante Chartreux élevés, jusqu’alors, aux honneurs de l’épiscopat, bon nombre sortaient de la Grande Chartreuse ; des hommes de grand mérite, des seigneurs appartenant aux plus hautes familles s’y étaient retirés, quelques-uns même en qualité de simples convers : nous citerons Terry, fils (ou frère) de l’empereur Henri IV ; deux comtes de Nevers ; un prince de la famille royale d’Angleterre, Bérémond, comte de Cornouailles ; Pierre de Foulques, père du pape Clément IV ; Étienne,

  1. Abrégé français de Le Couteulx, ad ann. 1320.