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XIVe siècle. Pillages.

comte de Sancerre, fils de Thibauld de Champagne, et bien d’autres encore. Un fait d’ailleurs, arrivé juste au temps où nous sommes, montrera en quelle estime on tenait partout le modeste ermitage de Chartreuse.

Guillaume II de Montbel, d’Entremont[1], vint en 1328, à la porte du Pont, qu’il enfonça, pilla la Correrie, entra à main armée pendant le Chapitre général, ouvrit toutes les portes, courut de tous côtés, disant qu’il en avait le droit en sa qualité de seigneur du pays[2]. Aymon trouva cette manière d’agir assez étrange et crut nécessaire de demander justice. Il s’adressa au comte de Savoie, Édouard le Libéral, puisque la Chartreuse était dans ses États[3], et au dauphin Humbert II, parce que le monastère se trouvait dans le diocèse de Grenoble. Ces deux princes promirent beaucoup et, en somme, ne firent rien, ce qui décida le R. P. Général à recourir, en 1329, au roi de France Philippe VI de Valois. Ce monarque écrivit immédiatement au comte et au Dauphin : Si vous ne rendez bonne et prompte justice, je détruirai de fond en comble la Grande Chartreuse, vous êtes indignes de la posséder sur vos terres, et je la ferai reconstruire dans mon royaume[4]. Cette singulière me-

  1. L’ancienne orthographe, Entremonts, était plus correcte. Intermontes, dit Guigues au chapitre LXXVI de ses Coutumes.
  2. Abrégé français de Le Couteulx, ad ann. 1320.
  3. Domus Cartusiœ in Sabaudia, dit la Carte du Chapitre de 1382. — C’est François Ier qui annexa à la France la Chartreuse et Entre-deux-Guiers en 1537. Le Couteulx, Supplément aux Annales, Mss.
  4. Vetus Chronicon, ap. Ephemerides, p.1259.