Page:Boutrais - La Grande Chartreuse (Nouvelle édition refondue et mise à jour), 1930.djvu/77

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 57 —

XIVe siècle. Pillages.

nace triompha des hésitations des deux princes : l’un et l’autre aussitôt exigèrent de Guillaume d’Entremont qu’il fît réparation et se désistât de tous ses droits, vrais ou supposés, sur le territoire de la Chartreuse ; seulement, pour ménager son amour-propre, la diplomatie de l’époque eut recours à certain biais, que nous avons vu employer de nos jours. Guillaume céda noblement tous ses droits à son seigneur le comte de Savoie, ce qui n’avait rien d’humiliant, et le comte de Savoie s’empressa de les donner généreusement aux Chartreux. « Depuis ce temps, les sires d’Entremont n’ont point fait de mal à la Chartreuse et même lui ont rendu service. » Cette remarque d’un historien reçut un éclatant démenti au XVIe siècle. Sébastien de Montbel, raconte Chorier, commit de grandes violences en la montagne de Bonnevent (Bonivant) qui appartenait aux Chartreux. Il s’était déclaré leur ennemi, et, ayant battu et tué leurs domestiques, il ne les menaçait rien moins que de les brûler dans leur couvent. Le Parlement, craignant que l’effet ne suivît la menace, les mit sous la protection du roi, et ordonna que ses armes écartelées de Dauphiné seraient affichées à l’entrée de leurs maisons ; mais les officiers du seigneur d’Entremont, n’osant pas les arracher, eurent la hardiesse de mettre celles de leur maître au-dessous. La principale cause du différend était des mines qu’il s’attribuait dans cette montagne-là. Il en avait fait tirer quantité de métal et l’avait fait porter en Savoie, supposant qu’elle dépendait de cet État et sa terre aussi. Le roi commanda, par ses lettres du 5 novembre 1553, au gouverneur de