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XIVe siècle. R. P. D. Jean Birelle.

Cet homme si modeste eut un grand ascendant sur tous ceux qui l’approchèrent, car il était impossible de le connaître et de ne pas l’estimer. Amédée VI de Savoie, surnommé le comte Vert, lui donna toute sa confiance et le choisit pour son confesseur. Birelle fut intimement lié avec Humbert II, dernier Dauphin de Viennois. Ce prince, après la mort de son fils unique, eut la pensée de se retirer en religion, et Dom Jean l’engagea beaucoup à exécuter ce pieux désir ; Humbert songeait aux Chartreux, mais son sage directeur lui conseilla un Ordre moins austère et lui parla des Dominicains. Le Dauphin suivit cet avis si désintéressé. Avant de quitter le monde, il céda ses États à Jean le Bon (16 juillet 1349), mettant pour condition que le fils aîné du roi porterait le titre de Dauphin : c’est ainsi que le Dauphiné a été réuni à la France, et le Prieur de la Grande Chartreuse eut sa part, au moins indirecte, dans cette heureuse affaire. Plus d’un lecteur apprendra peut-être avec étonnement que Dom Jean Birelle comptait au nombre de ses amis l’illustre Pétrarque. Gérard, frère du poète, s’étant fait Chartreux, le chantre de Vaucluse vint lui rendre visite en 1352. Quelque temps après, il écrivait au R. P. Dom Jean Birelle : « Vous m’avez reçu avec une bonté tout exceptionnelle et accueilli comme un enfant de la maison ; je venais voir mon frère, Dom Gérard, et croyais n’avoir que ce seul frère à la Chartreuse, et j’ai vu bientôt que j’avais un frère dans chaque religieux du couvent[1]. » Pé-

  1. Lettre du 25 avril 1353.