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CHAPITRE III

L’APOGÉE ET LE DÉCLIN DE LA CONCEPTION SYNTHÉTISTE

I. — La synthèse algébrico-logique.

Nous avons cherché à déterminer, au début du chapitre qui précède, les caractères propres à la méthode algébrique. Nous avons indiqué ensuite comment cette méthode s’est développée au xviie siècle, dans le domaine du fini d’abord, puis dans celui de l’infini. Après Descartes, après Newton et Leibniz, l’algèbre avait définitivement affirmé sa puissance et pendant un siècle et demi nous la voyons régner en maîtresse absolue sur la science mathématique tout entière.

Au xviiie siècle, sans doute, les problèmes de la mécanique et de la physique mathématique commencent à occuper une place importante dans les études des savants. Mais c’est par l’algèbre que ces problèmes sont traités, et l’algèbre, clef de nos connaissances les plus précieuses, continue à être regardée comme la science par excellence. Voici, par exemple, comment Laplace définit, dans son Système du monde[1], le rôle que les mathématiciens de son

  1. Exposition du système du monde, 1799, liv. V, chap. V. C’est en parlant de Newton que Laplace est conduit à ces réflexions.