Page:Boutroux - L’idéal scientifique des mathématiques.djvu/168

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qu’une relation appartient par sa compréhension à tel ou tel ordre de connaissances, il ne faut pas conclure qu’elle ne relève pas en même temps de la Logique par sa forme », ou encore : « La logistique est invincible, car, selon l’ingénieuse remarque de M. Itelson, pour combattre la Logique il faut encore faire de la logique ».

Certes, si par opération logique on entend une opération quelconque de l’esprit, alors il est clair que toutes les sciences rentreront dans la Logique. Mais Couturat soutient une thèse plus précise lorsqu’il entreprend d’expliquer la genèse des postulats mathématiques : ce n’est point d’une logique quelconque mais du calcul logique moderne ou logistique et, plus précisément, de la logique des relations, qu’il fait dériver ces postulats. Que faut-il penser de cette manière de voir ?

Si la logistique est une science distincte, elle a des postulats distincts qui ne sont pas ceux des Mathématiques. On prétendra peut-être que ces derniers sont un cas particulier des postulats logiques. Mais alors il faudra expliquer comment est obtenu ce cas particulier. Une particularisation est nécessairement un choix : or l’opération qui consiste à choisir, est, croyons-nous, absolument étrangère au calcul logique.

Supposons, au contraire, que la logistique ne soit pas une science distincte, et considérons-la en tant que forme de la science mathématique. Par là même nous reconnaissons qu’elle ne se suffit pas à elle-même et que le point de départ de ses déductions doit être cherché en dehors d’elle. Ce point de départ, ce sera un ensemble de notions et de postulats, que le logicien transformera, soit pour en tirer des propositions conséquentes, soit pour les ramener à des notions et à des postulats plus simples. Où donc ira-t-il chercher sa provision de données initiales ?