Page:Boutroux - L’idéal scientifique des mathématiques.djvu/36

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recul suffisant, ne sont pas encore parvenus à définir avec précision et à classer impartialement les multiples courants et les tendances diverses qui agitent et divisent les milieux mathématiques de notre époque.

Mais, si l’histoire des idées scientifiques les plus récentes est, à bien des égards, la plus incertaine, n’est-ce pas, en revanche, celle dont l’étude est susceptible de rendre le plus de services à l’homme de science, si elle peut, comme nous le croyons, l’éclairer sur son propre rôle et l’aider à diriger le cours de ses recherches ?

C’est pourquoi, quelque imparfaite que soit actuellement cette histoire, nous ne devons pas hésiter à formuler, sans plus attendre, les jugements qu’elle nous suggère et à dégager les leçons qu’elle nous paraîtra comporter[1].


  1. Dans un ouvrage intitulé Les Principes de l’Analyse mathématique, exposé historique et critique (2 vol., Hermann éditeur, 1914 et 1919) j’ai cherché à donner un aperçu des principales théories qui constituent les fondements des Mathématiques pures et j’ai groupé et classé ces théories de manière à mettre en évidence les trois phases de la pensée mathématique dont il va être question dans les pages suivantes. Ayant ainsi donné ailleurs une sorte d’illustration technique de la théorie historique que je me propose de soutenir, je me dispenserai cette fois d’entrer dans des longs développements mathématiques. — Quelques parties des chapitres qui forment le présent ouvrage ont déjà figuré dans des articles publiés, de 1902 à 1914, dans la Revue de Métaphysique et de Morale et dans la Rivista di Scienza (Scientia).