Page:Boutroux - L’idéal scientifique des mathématiques.djvu/35

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d’indications pour pouvoir nous rendre compte de ses grandes lignes.

Lorsqu’en effet, faisant volontairement abstraction de toutes les nuances et différences qui nous paraissent secondaires, nous suivons à travers les âges, les conceptions directrices des mathématiciens, nous voyons se dessiner une courbe d’évolution dont la figure générale est extrêmement simple. Trois grandes divisions, seulement, ressortent dans cette vue d’ensemble, trois grandes vagues dont le soulèvement principal se produit aux trois époques les plus marquantes de l’histoire des mathématiques : la grande époque de la science hellénique, la fin du xviie siècle, l’époque contemporaine.

Ainsi nous serons tout d’abord amenés à nous demander quels sont les caractères par où se sont distingués ces trois mouvements de pensée.

En ce qui concerne les deux premières époques il suffira, pour les caractériser d’interpréter des faits historiques connus ; travail qui serait relativement aisé si ces faits ne se trouvaient être trop rares pour la période antique et exceptionnellement abondants pour le xviie siècle, en sorte que, dans un cas, nous sommes obligés de suppléer par des inductions à l’insuffisance des textes, et dans l’autre, d’opérer un choix d’une nature assez délicate.

Quand nous en viendrons, par contre, à la période contemporaine, notre embarras sera plus grand ; car les historiens, ne disposant pas d’un