Page:Boutroux - L’idéal scientifique des mathématiques.djvu/66

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fit, d’autre part, de nombreux emprunts à Archimède et trouva des modèles dans les travaux de Ménechme, disciple d’Eudoxe, et dans un traité d’Aristée, aujourd’hui perdu, qui date de la même époque. Son œuvre n’introduit dans la science aucun principe nouveau.

Incomparablement plus grande est l’originalité d’Archimède qui, dans ses recherches sur les hélices spirales, sur la statique et l’hydrostatique, et surtout sur l’évaluation des aires et volumes, a su créer des méthodes si ingénieuses et si délicates que pendant deux mille ans, aucun géomètre ne devait être capable de les développer. Mais comment pourrait-on faire d’Archimède un représentant de l’école « logique », un adversaire de la conception platonicienne de la science ?

S’il faut en croire la tradition, Archimède possédait au plus haut degré ce culte de la beauté mathématique que nous avons cherché à décrire plus haut. « Archimède — écrit Plutarque[1] — regardant la mécanique et, en général, tout ce qui naît du besoin comme des arts ignobles et de vils métiers, ne s’appliqua qu’aux sciences dont la beauté et l’excellence ne sont en rien mêlées avec la nécessité et dans lesquelles la démonstration dispute le prix à la beauté de la matière. Et il ne faut pas rejeter comme incroyable ce qu’on dit de lui, que, sans cesse enchanté par une sirène domestique, qui était

    que superficiellement » ; elles se rapportent à des « propriétés fondamentales, traitées d’une manière plus complète et plus générales qu’elles ne le sont dans les écrits des autres auteurs » : souvent elles sont simplement destinées à fournir « une base » ou une aide pour la solution de certains problèmes connus ; parfois aussi, outre qu’elles ont cette utilité, elles sont dignes de considération en raison des démonstrations auxquelles elles donnent lieu, « et il y a bien d’autres choses en mathématiques que nous retenons pour cette raison seulement ».

  1. Vie de Marcellus