Aller au contenu

Page:Bouvier - Les Mystères du confessionnal, 1875.djvu/150

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



LES DRAMES DU CONFESSIONNAL
LA SIGNORA VIRGINIE DE LEYVA


Quel drame que l’histoire de la signora Virginie de Leyva qui date du commencement du XVIIe siècle ! Rien de plus émouvant, de plus terrible, de plus pathétique que le récit relevé dans les pièces authentiques que nous allons reproduire textuellement, même avec leurs imperfections de style. C’est le comte Tullius Dandolo qui a découvert le manuscrit original de ce procès curieux, qui l’a publié à la fois dans son texte latin et en italien.

Philalète Chasles, membre de l’institut, à Paris, s’est emparé de ce dramatique récit et en a fait une étude littéraire sous ce titre : Virginie de Leyva, ou l’intérieur d’un couvent de femmes en Italie au commencement du dix-septième siècle, d’après les documents originaux.

Un autre écrivain, A. Renzi, a publié le procès de la signora Virginie de Leyva en entier, dans le courant de l’année 1862, en y joignant le texte du procès-verbal relatif à la découverte du document original.

Voici le résumé de cette affaire, tel qu’il fut envoyé à Rome, en 1609, par le Vicaire Général de l’archevêché de Milan :

Enquête succincte de tout ce qui est arrivé dans les causes de Jean-Paul Osio de Monza et des sœurs Virginie-Marie, Octavie, Benoite, Candide et Silvie, religieuses-professes, dans le monastère de Sainte-Marguerite de Monza, de l’ordre de Saint-Benoit, humiliées.

« Il y a douze ans ou onze, Jean-Paul Osio, de son jardin contigu au monastère de Sainte-Marguerite de Monza, commença de remarquer sœur Virginie-Marie. Elle se laissait voir souvent, et regardait Osio d’une fenêtre du monastère qui donnait sur le jardin. Les sœurs Octavie et Benoite étaient instruites de ce manége.

« Osio et Virginie s’écrivirent ensuite des lettres d’amour et s’envoyèrent des cadeaux ; ils en vinrent à se parler la nuit dans le parloir, elle étant dedans et lui dehors, avec l’assistance et la garde des religieuses Octavie et Benoite.

« Quelque temps après, les trois religieuses, Virginie, Octavie et Benoite, introduisirent Osio dans le jardin du couvent avec de fausses clés, par la porte intérieure du monastère ; il y fit tomber en péché Virginie plusieurs fois. Plus tard les religieuses attirèrent Osio dans l’intérieur même de la sainte maison pour y passer la nuit avec la sœur Virginie deux et trois fois par semaine, tantôt plus, tantôt moins, suivant ses caprices.

« Cette vilaine pratique durait depuis environ trois ans lorsqu’on fit entrer dans ce monastère les sœurs Candide Brancolini et Silvie Casati, lesquelles, ayant été instruites de toute chose, vinrent en aide aux autres pour introduire Osio dans le monastère, afin qu’il se trouvât avec Virginie qui, pendant ce temps, devint enceinte plusieurs fois, fit des fausses couches et mit au monde une fille, qui vit présentement, étant âgée d’environ cinq ans.

« Mais cette intrigue ne put rester entièrement secrète ; une certaine Catherine de Meda, qui n’était pas encore professe dans le monastère, en conçut de forts soupçons. Catherine, indignée de la conduite des autres religieuses, leur déclara qu’elle était décidée à tout révéler à Monseigneur le Vicaire Général, qui, à cette époque, devait se rendre dans ledit monastère à cause de ses fonctions. Aussi toutes les religieuses sus-nommées, sachant parfaitement tout ce que Catherine pouvait dire et raconter sur elles au Vicaire, tinrent conseil toutes ensemble, firent une sorte de convention, et décidèrent de tuer Cathe-