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Page:Bouvier - Les Mystères du confessionnal, 1875.djvu/56

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dre garde et user de la plus grande prudence.

Parfois il faut conseiller le mariage, à ceux qui peuvent le contracter, comme le remède unique, ou au moins le plus efficace ; on doit user d’une grande circonspection lorsqu’il s’agit de jeunes gens qui doivent faire vœu de continence perpétuelle. Ceux qui sont atteints d’un tel vice et se livrent souvent à des pollutions, seraient ordinairement disposés au vœu téméraire et imprudent de chasteté ; ils doivent donc être éloignés de la profession religieuse et, à plus forte raison, de l’état ecclésiastique, à moins qu’ils ne donnent des signes extraordinaires de conversion et que, par une longue épreuve de plusieurs années, ils ne témoignent de la fermeté de leur résolution et de leur persévérance.


ARTICLE II

DE LA SODOMIE


St Thomas, 2. 2, q. 154, art. 11, définit ainsi cette monstrueuse corruption qui tire son nom des habitants de Sodome : Accouplement entre deux personnes du même sexe, par exemple d’un homme avec un homme, ou d’une femme avec une femme.

Ce crime est d’une énormité évidente :

1o Par l’horreur qu’il excite chez tout le monde ;

2o Par sa difformité naturelle et manifeste ;

3o Par les châtiments inouïs que Dieu infligea aux cinq villes qui en étaient souillées (Gen., ch. 19) ;

4o D’après l’épître de St Paul aux Rom. 1, 18 et suiv., où il est dit, qu’en punition de leur orgueil, les Gentils ont été livrés à d’ignobles passions, faisant ce qui ne convient pas et brulant dans leurs propres désirs, les femmes pour les femmes, les måles pour les mâles ;

5o Par les graves peines décrétées dans le droit canon et dans la bulle de Pie V, Horrendum illud scelus, contre les eleres qui pratiquent la sodomie ;

6o Suivant tous les pères de l’Eglise qui ont atta qué ce grand crime avec une extrême violence : St Chrys. 14e Homél., dans l’épît. aux Rom., foudroie les sodomites de son éloquence, et leur reproche d’être plus infâmes que les chiens.

Peu importe le vase dans lequel pratiquent le coït, les mâles entre eux ou les femmes entre elles, que ce soit dans celui de devant ou dans celui de derrière ou sur une autre partie du corps, puisque la malice de la sodomie consiste dans l’affection pour le sexe interdit, et que, dans son genre, elle est complète, par l’application en manière d’union charnelle, des parties génitales sur une partie du corps d’une personne du même sexe. Il n’y a cependant pas sodomie, parce qu’il n’y a pas union charnelle, lorsqu’on applique seulement les mains, les pieds ou la bouche sur les parties génitales d’un autre, la pollution se produirait-elle des deux côtés.

La sodomie revêt la malice de l’adultère, de l’inceste ou du sacrilége, selon que les personnes qui s’y livrent sont mariées, parentes par consanguinité ou par alliance, ou consacrées à Dieu.

Des théologiens nombreux disent que le pénitent est tenu de déclarer si, dans l’acte sodomique, il a été agent ou patient, parce qu’autre chose est se laisser volontairement polluer et autre chose, participer à la pollution d’autrui, et que d’ailleurs les rôles naturels sont gravement intervertis lorsque la femme devient agent et l’homme patient. Beaucoup d’auteurs, cependant, avec plus de probabilité, rejettent cette nécessité, prétendant que la nature du péché est suffisamment exprimée par la déclaration du fait c’est l’opinion du P. Concina lui-même, très peu suspect de relâchement.

Comme en cette matière il convient d’éviter les questions superflues, nous nous abstenons toujours d’interrogations de cette nature.