Aller au contenu

Page:Bouvier - Les Mystères du confessionnal, 1875.djvu/61

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Beaucoup de personnes tombent dans une grande confusion d’idées et sont tourmentées de scrupules parce qu’elles confondent sentir et consentir, penser à une chose mauvaise et se délecter dans cette chose : elles doivent faire des études afin de sortir triomphantes de ces ténèbres et de ces anxiétés.

Ceux qui aiment sincèrement la chasteté peuvent demeurer certains qu’ils n’ont pas consenti aux mouvements de concupiscence, toutes les fois qu’il est resté, dans leur esprit, confusion ou incertitude ; car s’ils avaient consenti ils auraient remarqué le changement survenu dans leurs résolutions, et ils en auraient gardé le souvenir.

Ceux, au contraire, qui ont la pernicieuse habitude de se livrer aux plaisirs des sens doivent, lorsqu’ils ne sont pas sûrs de s’être prêtés aux mouvements de concupiscence, décider qu’ils y ont consenti, car s’ils avaient résisté à leur penchant, ils n’auraient pas perdu le souvenir de leurs efforts : et comme les péchés de luxure se multiplient en peu de temps, outre mesure, ils peuvent, avec raison, dire avec le prophète pénitent : Mes iniquités se sont emparées de moi…… elles sont plus nombreuses que les cheveux de ma tête. Ps. 39, 13.

On demande s’il est permis aux personnes mariées et veuves de prendre plaisir à la pensée de l’acte charnel à venir ou passé.

R. 1o Les fiancés et les veufs ne pèchent pas en pensant que le plaisir est attaché à ces actes, ni en prévoyant qu’ils éprouveront ce plaisir ou en se souvenant qu’ils l’ont éprouvé : car il est évident que cette notion n’est pas le plaisir dans l’acte vénérien.

Si donc il y a quelque péché, c’est certainement dans le danger d’en commettre plus tard : Or, ce danger étant grand, petit ou même nul, il en est de même du péché.

R. 2o Pèchent mortellement les personnes fiancées, ou les personnes veuves, qui donnent leur consentement à la délectation charnelle que produit en elles la prévision de l’acte futur ou le souvenir de l’acte passé ; car elles se figurent l’acte charnel comme s’accomplissant actuellement et elles y prennent volontairement plaisir. Or, l’acte charnel s’accomplissant actuellement, est, à leur égard, une fornication puisqu’elles ne sont pas mariées.

R. 3o L’époux qui, en l’absence de son épouse, prend plaisir à l’acte charnel comme s’accomplissant actuellement, commet probablement un péché mortel, surtout si les esprits génitaux en sont gravement agités, non pas précisément parce qu’il consent à une chose qui lui est défendue, mais parce qu’il s’expose ordinairement à un grave danger de pollution. Beaucoup de théologiens prétendent qu’il ne pèche que véniellement lorsqu’il se complaît librement dans la pensée de l’acte vénérien futur ou passé, pourvu cependant qu’il ne soit pas en danger de pollution. Voy., dans ce sens, Sanchez, Bonacina, Lessius, Cajetan, La Croix, Suarez, St Ligori, etc.

Beaucoup d’autres affirment que, moralement parlant, il y a toujours, dans ce cas, péché mortel, tant à cause du danger qu’à cause de l’agitation désordonnée des esprits génitaux qui ne sauraient être justifiés par une fin légitime. Voy. Navarrus, Azor, Vasquez, Layman, Henno, Le P. Antoine, Collet, etc.

On doit donc blâmer les personnes mariées qui se livrent à de semblables plaisirs et les exhorter à adopter le parti le plus sûr. On ne doit cependant pas les traiter avec trop de sévérité, ni les irriter par des questions qui leur sont odieuses.