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Page:Bouvier - Les Mystères du confessionnal, 1875.djvu/62

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ARTICLE II

DES BAISERS, DES ATTOUCHEMENTS, DES REGARDS IMPUDIQUES ET DE LA PARURE DES FEMMES


Nous ferons observer qu’il ne s’agit pas ici des baisers, attouchements, etc., entre personnes mariées, mais entre personnes libres : nous parlerons ailleurs des personnes mariées.


§ I. — Des baisers


I. Les baisers sur les parties honnêtes, comme la main et la joue, ne sont pas mauvais de leur nature, même entre personnes de différents sexes : Cela est conforme à l’opinion générale et à la pratique partout admise dans le monde.

D’où il suit : 1o Qu’on ne trouve aucune espèce de mal dans les baisers que les enfants incapables de passions sont dans l’habitude d’échanger.

2o Qu’il n’y a pas de péché dans les baisers que donnent, aux enfants qui leur sont confiés, les mères, les nourrices, etc. ;

3o Ni, ordinairement du moins, dans ceux que d’autres personnes, hommes ou femmes, donnent aux enfants en bas âge de l’un ou de l’autre sexe.

II. Les baisers même honnêtes, motivés par la passion, donnés ou reçus, entre personnes du même sexe ou de sexes différents, sont des péchés mortels. Mais les baisers sur les parties inusitées du corps, par exemple sur la poitrine, sur les seins, ou à la mode des colombes en introduisant la langue dans la bouche d’une autre personne, sont présumés avoir la passion pour mobile, ou du moins mettent dans un grave danger d’y succomber et, pour cette raison, ne peuvent être excusés de péché mortel.

III. Il est certain qu’on doit regarder comme péchés mortels les baisers, même honnêtes, qui mettent dans le danger prochain de pollution ou de mouvements de violente passion, à moins que, par hasard, il n’y ait de graves raisons de les donner ou de les permettre, car c’est pécher mortellement que de s’exposer au danger sans nécessité.

IV. Il est certain, au contraire, qu’il n’y a nul péché à donner ou recevoir des baisers, selon l’usage, sans qu’il y ait moralement danger de passion, et en signe d’urbanité, de bienveillance et d’amitié, comme avant le départ et au retour d’un voyage : tout le monde le comprend ainsi partout.

Cela ne concerne pas les religieux et les moines ni les prêtres séculiers, qui ne peuvent ordinairement ainsi embrasser des personnes d’un autre sexe sans qu’il en résulte naturellement une certaine indécence, du scandale et du mépris pour la religion.

V. Les baisers en soi honnêtes, faits selon l’usage, mais par légèreté ou en jouant et sans grave danger de passion, n’excèdent pas la gravité d’un péché véniel : du moment qu’on les suppose honnêtes, ils ne peuvent être mauvais si ce n’est en raison du danger ; et, d’un autre côté, le danger est supposé léger.

Il en résulte : 1o qu’on ne doit pas accuser de péché mortel celui qui, recherchant une jeune fille en mariage, l’embrasse honnêtement chaque fois qu’il arrive ou qu’il la quitte sans se mettre en danger de mouvements passionnés, ou du moins sans qu’il y ait danger d’y consentir ; à plus forte raison ne pèchera-t-il pas s’il y a motif de faire cet acte de politesse, sans lequel il aurait à craindre de passer pour scrupuleux ou original et d’être la risée et le jouet des autres personnes.

2o Par la même raison, il faut excuser une jeune