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Page:Bouvier - Les Mystères du confessionnal, 1875.djvu/65

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commettent pas de péché, éprouveraient-ils des mouvements lascifs, pourvu qu’ils n’y consentent pas.


§ III. — Des regards impudiques


L’expérience prouve que les regards influent moins sur l’acte vénérien que les attouchements ; il est certain cependant que ce sont très souvent des péchés mortels ou véniels, suivant l’intention, le consentement ou le danger qui en résulte.

I. Il est évident que certains regards, honnêtes en soi, deviennent des péchés mortels, quand il existe une intention perverse.

II. Le péché est, sans aucun doute, mortel si les regards impudiques excitent des mouvements de concupiscence suivis de consentement.

III. On pèche mortellement, sauf le cas de nécessité ou de grave utilité, en portant, même sans intentions lubriques, des regards prémédités sur les parties vénériennes d’une grande personne de l’autre sexe, ou sur les parties qui les avoisinent ; car il est moralement sûr que ces regards excitent des mouvements lubriques, et même la pollution.

J’ai dit 1o prémédités, parce qu’il n’y a pas de péché à porter les yeux à la légère, par hasard et sans intention mauvaise, sur les parties pudiques d’une personne de l’autre sexe.

J’ai dit 2o d’une grande personne, car ces regards sur des enfants n’excitant pas les passions à ce point ne constituent pas des péchés mortels. Donc les servantes et les nourrices ne pèchent pas mortellement en regardant ainsi les enfants dont elles ont la garde, à moins qu’elles ne le fassent avec complaisance (littéralement : qu’elles ne le fassent morosement — morose —), avec plaisir ou danger pour elles.

Ne pèchent peut-être pas mortellement, même ceux ou celles qui se regardent entre eux à l’état de nudité et qui n’ont pas atteint l’age de puberté, parce que de pareilles passions n’existent pas encore chez eux : On devrait autrement décider s’ils couraient un grave danger.

IV. Pèche mortellement celui qui se complaît à regarder ses propres parties pudiques, car il est presque impossible que ces regards ne fassent pas naître chez lui des mouvements lubriques. Il en serait autrement s’il les regardait par pure curiosité, et surtout s’il y avait lieu de présumer qu’il n’a pas couru un grave danger. Il n’y aurait pas de péché si, tout danger de lubricité écarté d’ailleurs, ces regards étaient nécessaires ou utiles.

C’est un péché mortel de regarder complaisamment — morose — les seins nus d’une belle femme, à cause du danger inséparable de ces regards. Ne pèchent cependant pas ainsi, lorsqu’il n’y a pas un danger particulier, ceux qui regardent des mères ou des nourrices allaiter des enfants. Ces femmes doivent cependant avoir la prudence de se cacher, de peur d’être un sujet de scandale pour les autres, et surtout pour les jeunes gens.

V. C’est souvent un grave péché de regarder fixement une belle personne d’un autre sexe, car une pareille attention est remplie de dangers ; cependant, si, tout bien examiné, il n’y a ni danger grave ni intentions lubriques, le péché est seulement véniel. Il n’est pas nécessaire pour cela de marcher les yeux baissés et sans regarder personne ; il faut naturellement, et sans effort, savoir rester dans un juste milieu.

VI. Ne pèche pas mortellement celui qui, sans affection lubrique et attention morose, tout danger particulier étant écarté d’ailleurs, regarde cer-