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Page:Bouvier - Les Mystères du confessionnal, 1875.djvu/68

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ou parce qu’on n’en a pas d’autres, pourvu qu’il n’en résulte ni scandale ni danger.

Le péché est seulement véniel si on le met pour s’amuser ou par légèreté, sans scandale et sans danger. Telle est l’opinion de Sylvius expliquant St Thomas et disant que le précepte suivant du Deutéronome 22. 5 : La femme ne prendra pas les vêtements de l’homme ni l’homme ceux de la femme, car de tels actes sont abominables aux yeux de Dieu, est en partie positif, et pour cette raison était obligatoire pour les juifs sous peine de péché mortel, mais se trouve abrogé par la nouvelle loi ; en partie naturel, et sous ce rapport obligatoire sous peine de péché mortel ou véniel selon les circonstances.

7o Il faut, par la même raison, décider que ceux qui se masquent ne pèchent pas toujours mortellement, par exemple lorsqu’ils le font pour s’amuser ou par légèreté, et sans qu’il y ait scandale ou danger, surtout quand ils ne prennent pas les vêtements de l’autre sexe, mais ceux d’une personne d’une condition autre que la leur : le domestique les vêtements du maître, la femme de chambre la parure de sa maîtresse. Cette décision est opposée à celle de Pontas et de Collet.

Ceux qui, dans les réunions publiques, portent des vêtements étrangers et bizarres et des masques, peuvent rarement être excusés de péché mortel à cause de l’inconvenance, du danger et du scandale qui en résultent. Sont également coupables de péché mortel ceux qui confectionnent ou vendent ces vêtements ou ces masques pour servir uniquement à un pareil usage. Il n’en est pas ainsi de ceux qui regardent les personnes masquées et s’en amusent, à moins que sous un autre rapport, comme clercs par exemple, ils ne donnent matière à scandale.

8o C’est un péché mortel, pour une femme, de se découvrir les seins ou de les laisser voir sous une étoffe trop transparente, car c’est là une grave provocation à la lubricité, dit Sylvius, t. 3, p. 872. Par contre, ce n’est pas un péché mortel de découvrir un peu la gorge en se conformant à la mode, lorsque c’est sans mauvaises intentions et qu’il n’en résulte aucun danger ; c’est la décision de St Antoine, de Sylvius, de St Ligori, l. 2, no  55, etc.

À plus forte raison, ce n’est pas un péché mortel de sa nature, de mettre à nu ou de ne couvrir que légèrement les bras, le cou et les épaules, en se conformant à la mode ; mais les auteurs déjà cités regardent comme coupables de péché mortel, ceux et celles qui introduisent ces modes.


ARTICLE III

DES DISCOURS DÉSHONNÊTES, DES LIVRES OBSCÈNES, DES DANSES OU DES BALS ET DES SPECTACLES


§ I. — Des discours déshonnêtes


1o Les discours déshonnêtes de leur nature ne sont pas mauvais en soi comme le prouve l’exemple des médecins, des théologiens, des confesseurs, etc., qui, sans pécher, peuvent traiter les sujets honteux.

2o Il y a péché mortel, au contraire, dans toute parole obscène et dans de simples équivoques lancées dans un but de lubricité ou de délectation charnelle volontaire, ou bien faisant courir à soi-même ou aux autres un grave danger de consentement. Bien plus, ces péchés s’aggravent en raison du nombre de personnes qui écoutent et auxquelles ils sont nuisibles. Cela est de toute évidence d’après ce que nous venons de dire.

Ce serait, par conséquent, un péché mortel de