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Page:Bouvier - Les Mystères du confessionnal, 1875.djvu/69

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parler d’une manière gravement obscène, de prononcer le nom des parties pudiques de l’autre sexe, de parler du coït et des modes du coït, le ferait-on sans délectation, par légèreté, pour exciter le rire ; car ces propos sont de nature à provoquer des mouvements lubriques, surtout chez les personnes non mariées et encore jeunes, selon ces paroles de St Paul aux Corinth., I, Épît. 15. 33 : Les mauvais discours corrompent les bonnes mœurs.

J’ai dit, surtout non mariées, car il est certain que ceux qui le sont, ne se laissent pas facilement troubler par ces propos, habitués qu’ils sont aux actes vénériens. Il est très rare que ceux qui tiennent des discours très obscènes devant des personnes mariées, mais qui ne le sont pas entre elles, ne se rendent pas coupables de péché mortel.

3o Ce n’est pas un péché mortel de tenir des discours légèrement obscènes et équivoques sous le frivole prétexte du besoin de parler, ou de les tenir en plaisantant, à moins que ceux qui les entendent ne soient assez faibles pour en être scandalisés.

Par conséquent, les mots piquants et peu décents que les moissonneurs, les vendangeurs, les meuniers et autres ouvriers, sont dans l’habitude de lancer, ne sont pas des péchés mortels, car ceux qui les prononcent et ceux qui les écoutent en sont ordinairement peu émus. Voy. St Antoine, Sanchez, Lessius, Bonacina, Sylvius, Billuart, St Ligori, etc. Il en serait autrement s’il en résultait un grave danger ou scandale.

4o Ceux qui entendent des discours déshonnêtes ont de l’autorité sur ceux qui les prononcent, ou bien ils n’en ont pas : s’ils en ont, ils doivent les empêcher autant que faire se peut ; dans le cas contraire, ils sont dans l’obligation de les avertir, ou du moins ils doivent garder le silence ; les femmes surtout doivent prendre les plus grandes précautions pour ne pas paraître donner une approbation qui, d’habitude, enflamme la lubricité des hommes.

Il ne faut cependant pas décider que le fait d’avoir accueilli en riant des paroles indécentes qui constituent un péché mortel pour celui qui les prononce, mette en ce même état de péché mortel la personne qui les a entendues et qui en a ri ; car il peut arriver que son hilarité soit plutôt provoquée par la manière de dire que par le sujet lui-même : or, dans ce cas, il n’y a pas de péché mortel, à moins qu’il n’en résulte un scandale. Mais les religieux, les clercs et les personnes connues par leurs vertus chrétiennes deviendraient facilement un sujet de scandale en riant de paroles obscènes.

5o Ce que nous avons dit des discours honteux s’applique également aux chansons déshonnêtes. C’est un péché mortel de composer, de chanter ou d’écouter, en y prenant plaisir, des poésies obscènes : il en est de même lorsqu’un scandale grave se produit, par exemple lorsqu’un clerc compose des vers ayant un sens équivoque ou lorsqu’il les chante devant d’autres personnes : le péché est encore plus grave s’il les chante devant des laïcs.

6o Ceux qui ont autorité sur les autres, et surtout les pasteurs et les confesseurs, doivent veiller avec sollicitude à ce que leurs inférieurs ou ceux dont ils ont la direction ne contractent pas l’habitude de parler ou de chanter d’une manière indécente ; ils ne doivent pas oublier ces paroles de St Paul : Qu’on n’entende jamais parmi vous parler de fornication ni d’aucune espèce d’impureté ; soyez réservés comme des saints et ne mêlez pas à votre conversation des turpitudes, des sottises ou bouffonneries grossières qui ne conviennent pas. (Éph., 5.)

7o Les entretiens sur des sujets voluptueux, dans des lieux écartés, entre des personnes de sexe différent, surtout s’ils se prolongent et se répètent sou-