Page:Bove - Mes Amis.djvu/106

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puis faire autrement. J’aime à garder dans mon cerveau une provision de souvenirs. Je sais qu’elle y est. Cela me suffit.

Je m’assoupissais quand la crémière qui revenait sans doute d’un cinéma, claqua sa porte.

Elle ferma sa fenêtre, puis elle se lava. Jamais elle ne se lavait le soir. J’entendais les mêmes bruits que devant la porte de Billard. J’ai remarqué que les événements nouveaux de la vie quotidienne se suivent par série.

Je sortis du lit.

Les orteils en l’air, à cause du froid, j’arpentai la chambre, espérant confusément que la crémière me verrait par un trou, dans le mur.

Au petit jour seulement, je m’endormis. Je n’entendis pas le réveil des Lecoin, ni le balai de la concierge qui, chaque matin, heurte exprès ma porte.

Quand je m’éveillai, le carré de soleil avait dépassé mon lit et tremblait sur le mur.

Il était tard. Je me levai à la hâte, les yeux minces, une joue striée comme une feuille par un drap chiffonné.

Dès que je fus habillé, je me brossai longuement.