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Page:Bove - Mes Amis.djvu/66

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Ma bonne humeur tomba tout d’un coup. Dix pensées traversèrent mon cerveau en même temps.

Je me souvins de ma chambre, de Lucie, de ma rue. L’avenir me sembla fait d’une suite de journées monotones. Oui, j’en voulais à Billard qu’il eût une femme. Une amitié solide ne pouvait plus nous unir puisqu’une tierce personne la troublerait. J’étais jaloux. Aussi, pourquoi avais-je suivi cet inconnu ? Il m’avait désorienté. À cause de lui, la solitude me pèserait davantage.

Toutes ces réflexions ne m’empêchèrent pas de me raccrocher à un dernier espoir. Peut-être sa maîtresse n’était-elle pas belle ! Il aurait suffi qu’elle fût laide pour que je me remisse.

— Est-elle jolie ? demandai-je en m’efforçant d’avoir l’air distrait.

Avec l’assurance des gens indélicats, il me répondit qu’elle était superbe et qu’elle possédait, malgré ses dix-huit ans, deux seins de femme. Il me montra même la place, avec ses mains arrondies.

Cette fois, je n’eus plus qu’une idée : partir. L’injustice du sort était vraiment trop grande. Billard avait une verrue, des pieds