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— Merci, mon cousin, répondit-elle… C’est un poids bien lourd dont vous me déchargez le cœur.

Me  Sigebert aussi soupira, mais du soulagement d’avoir doublé un cap périlleux. Tout cependant n’était pas dit encore.

— Au seuil des plus cruelles douleurs, proféra le notaire avec solennité, l’obligation s’impose… et peut-être est-ce un bienfait après tout, en arrachant les affligés à la prostration qui les accable… l’obligation, dis-je, s’impose d’envisager certaines questions d’ordre positif et de toute urgence, hélas ! presque avant que soit refroidie la dépouille mortelle de l’être aimé. C’est pourquoi, ma pauvre enfant, le douloureux devoir m’incombe…

D’une voix qui tremblait, mais dans laquelle se sentait, profondément touchante, une détermination de fermeté, Louise l’interrompit.

— Je pressens, mon cousin, le sujet que vous allez aborder. D’après ce que je sais déjà, mon père ne laisse que des dettes.

— Le mot n’est pas tout à fait exact. En langage financier, cela s’appelle des découverts.

— Peu importe le mot… et sans doute aussi la somme, puisque je me trouve dans l’impossibilité de désintéresser ceux à qui il doit.

— Aussi est-il expédient que vous renonciez à la succession. C’est l’unique moyen pour vous de sauver ce que vous pouvez tenir de votre mère. Vous êtes majeure depuis deux ans, si je ne m’abuse. Votre père vous avait-il rendu ses comptes de tutelle ?

— Jamais il n’a été question de rien de pareil entre nous. Il me donnait de l’argent très libéralement, bien au delà de mes modestes besoins de jeune fille. Je ne sais rien de ce qui m’appartenait en propre. Je n’y songeais guère.

Tout à fait offusqué dans sa mentalité d’officier