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TIMÉE.

ὁ θεὸς ἅ αὐτὸς ὑπάρχει.)… Ὠσάυτως δὲ ἐπειδὲ τὸ μὴ ϰρατεῖσθαι ὑπὸ τινος, τοῦ ϰρατεῖσθαι τιμιώτερον ἐστι, διὰ τοῦτο ϰαλοῦμεν αὐτὸν ἀσώματον.

Quidquid eſt ſubſtantile, quod ab aliquo prehendi non poteſt, corpus ei eſt quod id prehendit : & divinitatem dicimus eſſe incorpoream, non quod incorporea, ſed quemadmodum ſoliti ſumus in rebus materialibus, quæ apud nos ſunt, præstabilioribus deitatem cohoneſtare, ita etiam in nominibus facimus, non quod illis Deus indigeat, ſed ut per ea noſtram de ipſo mentem declaremus… conſimiliter vero, quia non prehendi honorificentius eſt, ideirco eum vocamus incorporeum. S. Juſtini Philoſoph. Martyr. Oper. quæſt. græcanicarum ad Chriſtianos de incorporeo & Deo &c. p. 230.

Tertulien, qui vecut près d’un ſiècle après S. Juſtin Martir, parloit ainſi que lui. « Qui peut nier, diſoit-il, que Dieu ne ſoit un corps ? Quoi qu’il ſoit eſprit ; tout eſprit eſt corps, & a une forme, & une figure qui lui eſt propre. » Quis autem negabit Deum eſſe corpus, etſi Deus ſpiritus ? Spiritus etiam corporis sui generis in sua efigie. Tertulianus advers. prax. cap. 7.

Nous nous contentons de rapporter le temoignage de ces deux Peres, & nous renvoions nos lecteurs aux Diſſertations ſur le premier chapitre d’Ocellus, où nous avons traité cette matiere fort amplement. Nous ne parlons donc ici de l’opinion des anciens ſur la ſpiritualité, que pour montrer, que lorsque nous trouverons, dans la ſuite, beaucoup de reſſemblance entre ce que Timée de Locres a écrit ſur la nature de la matiere, & ce qu’en a dit Mr. Leibnitz, nous ne devons pas penser que le philoſophe grec ait prétendu comme lui, que le corps eſt un