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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/100

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de ceux qui, passant auprès d’eux, fléchissoient les genoux.

Je m’informai quelle étoit cette cérémonie.

Ces gens, me dit-on, sont des grands pénitenciers : ils ont le droit d’absoudre de tous les péchés ; & comme ils ne pourroient subvenir à écouter les fautes que des gens de toutes les nations du monde viennent leur avouer, ils lavent & nettoyent l’ame des immondices, & la purgent des crimes, en appuyant le bout de leur bâton sur la tête.

Cette cérémonie me parut grotesque. Je gardois cependant le silence, & ne dis point quel étoit mon sentiment.

En sortant du temple de saint Pierre, j’entrai dans un autre, qui n’en est pas éloigné. Dans le tems que je l’examinois, deux hommes me présenterent un plat, & me demanderent quelque chose pour l’entretien de monsieur saint Jacques. Ayant toujours aimé à assister les malheureux, je mis la main à la poche, & leur donnai un teston. Dès que je fus dans la rue, je priai un négociant de mes amis qui m’accompagnoit, de m’apprendre qui étoit ce monsieur Saint Jacques, qui se trouvoit dans le besoin ; & si c’étoit celui-là même à qui j’avois donné l’aumône ? Après avoir beaucoup ri de ma demande : Ce monsieur saint Jacques, dit-il, que vous croyez